La question demeure fondamentale…
Évidemment, de la réponse à la question, va dépendre ma façon de peindre.
Je peux peindre parce que ça me fait du bien.
Parce que j’ai besoin de m’exprimer.
Je peux peindre parce que j’ai besoin de vendre pour faire des sous.
Je peux peindre pour m’amuser,
pour savoir qui je suis,
pour célébrer les beautés de la nature,
pour dénoncer les ignominies,
pour passer le temps,
pour m’occuper
parce que j’aime ça…
Chose certaine, la réponse à cette question va changer tout au long de la
vie. Et la façon de peindre aussi.
J’ai besoin de m’exprimer. J’ai besoin de me connaître, de savoir qui je
suis.
Je ne sais pas qui je suis, tant que je n’ai pas manifesté en dehors de
moi quelque chose de moi. J’ai besoin de laisser des traces pour les
reconnaître et en prendre conscience: je ne suis pas transparent-e à moi-
même.
Et donc le processus de prise de conscience de « savoir qui je suis » se transforme au-fur-et-à-mesure que le fait de m’exprimer me transforme, en même temps que la vie me transforme…
Et c’est ainsi que ce n’est ainsi jamais terminé.
C’est en manifestant, donc en extériorisant, que je découvre qui je suis.
Je dois exprimer ma pensée pour découvrir ce que je ne savais pas que je pensais. Et que si je poursuis, je me découvre des envies et des
besoins que j’ignorais, dont je n’avais pas pris conscience.
La « découverte de soi » ne peut se produire que par l’expression. Peu
importe le médium. On se rend compte en lisant ces mots que la langue
française dit clairement que je ne suis pas transparent-e à moi-même.
Je me parle pour m’entendre et me comprendre. « Je » parle à « me ».
« Me » a besoin que « je » lui parle pour allumer sur ce que je sais et « je » a
besoin de savoir ce que « me » sait par ailleurs.
1Or dans les pays totalitaires, c’est évident que la première chose qu’on
interdit, c’est l’expression de soi. Si les gens prennent conscience de qui
ils sont et donc de leurs besoins, de ce qu’ils veulent, la soumission
disparaît et la liberté réclame son espace.
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